Acte 17

Acte 17 – Champs-Elysées

Comme les ouvriers occupant les usines lors des grèves de 1936, les gilets jaunes investissent des lieux, se les approprient et, parfois, les transforment en une joie partagée.

 

Avec l’irruption des gilets jaunes, les reprises musicales parodiques se sont multipliées. Les enceintes circulant les samedis crachent ces tubes, version gilet jaune. L’un des plus plébiscité, “ Oh Macron ” — détournement du morceau “ Dja Dja ” — est fréquemment diffusé dans les cortèges. Les corps se mettent alors souvent à se déhancher autour d’un « Hello Macron mais qué pasa ? J’entends des taxes atroces sur moi ». Des sourires sont esquissés, comme un écho aux mots de Simone Weil à propos du mouvement ouvrier de 1936 : « Indépendamment des revendications, cette grève est en elle-même une joie. Une joie pure. »

 

Les rassemblements de gilets jaunes ne sont évidemment pas de tout repos mais ils se transforment par moments en joie et deviennent un lieu de rencontres et d’échanges pour certains, une occasion de militer entre copains pour d’autres. Une joie illustrée par cet instant de danse improvisé samedi 9 mars sur les Champs-Élysées lors du 17ème rassemblement des gilets jaunes. Durant quelques minutes, des manifestants se sont réappropriés l’espace public et se sont trémoussés ensemble, autour d’une enceinte, à quelques pas des CRS. Rappelant par une battle de danse improvisée que si les rassemblements de gilets jaunes sont souvent tendus, ce sont aussi des instants de “ joie pure ”.