Acte 24

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Toulouse a été l’une des grandes villes françaises les plus actives durant les mois de mobilisation. Rencontre avec des gilets jaunes qui arpentent les rues de la ville rose chaque samedi.

 

À une quarantaine de kilomètres de Toulouse, le rond-point de Gaillac est devenu le symbole du mécontentement des gilets jaunes, comme dans de nombreux villages et villes en France. Mais ici, son occupation a duré plus longtemps qu’ailleurs. En avril, la police finit par les déloger d’un rond-point et démonte au passage leur abris de fortune. Les gilets jaunes Gaillacois se rabattront alors autour d’un autre rond-point, cette fois-ci sur un terrain privé et avec l’accord du propriétaire.

 

S’ils comptent bien perpétrer leur visibilité à Gaillac, certains d’entre eux le font aussi chaque samedi à Toulouse . “ Tu vas voir, ici c’est violent ”, me prévient Jacques* que j’accompagne à l’acte 24. Il vient autant que possible en compagnie de Stéphanie, une amie qu’il a rencontré en s’impliquant au sein des gilets jaunes Gaillacois. Les deux comparses m’assurent qu’ils reviendront aussi dans quatre jours pour le 1er mai. “ On va être beaucoup, encore plus nombreux qu’aujourd’hui ”, jubile Stéphanie dans le cortège.

 

Ce sentiment d’appartenance à un groupe est nouveau pour Jacques qui avoue ne jamais avoir manifesté auparavant. Pour Stéphanie, c’est aussi devenu un moyen de se protéger de son compagnon. Depuis qu’elle a rejoint le mouvement, elle sait qu’elle peut compter sur ses nouveaux copains s’il essaie de la battre. “ S’il lève la main sur moi, il sait qu’ils viendront m’aider. De toute façon je vais bientôt le quitter ”, se promet Stéphanie, qui évoque la violence qu’elle subit avec une facilité déconcertante.

 

Pour s’informer, les deux gilets jaunes racontent se tourner vers RT, l’un des rares médias qui trouvent grâce à leurs yeux. Assis dans un kebab, Jacques peste contre BFM TV qui tourne en boucle et contre les politiciens qui apparaissent à l’écran. “ De toute façon, on est en dictature

 

Malgré les mises en garde de Stéphanie et de Jacques, le rassemblement sera plutôt calme, même si des lacrymogènes finiront par tomber sur la foule après 17h. Mais ça, pour les deux gilets jaunes Gaillacois, c’est devenu une routine à laquelle ils sont préparés : “ Il suffit de mettre un mélange avec du citron sur notre masque pour pouvoir se protéger ”.

*Les prénoms ont été modifiés