La foule venue des différentes artères alentours s’agglutine, martèle « Macron, démission, Macron, démission » et brandit l’article 68, qui concerne la destitution du Président de la République. Le troisième acte des gilets jaunes rassemble une population disparate : adolescents, familles, bande de copains et petits vieux. Nombre d’entre eux sont venus équipés de masques, de casques, de lunettes de ski ou de plongée pour se protéger. Plutôt normal quand on sait que l’Acte II avait transformé les Champs-Élysées en un théâtre d’affrontements violents.
Dix minutes à peine après avoir pu accéder à la Place de l’Étoile, les gilets jaunes sont reçus par une pluie de grenades lacrymogènes. Lancées en cloche vers le ciel, les grenades fusent au-dessus des manifestants avant de s’éclater sur le sol et de propager leur gaz. Lassés, des manifestants quittent peu à peu la place dans l’après-midi, laissant un noyau dur exaspéré par la répression, dont une partie est prête à aller jusqu’à l’affrontement avec les forces de l’ordre.
Inspirés par les messages révolutionnaires écrits sur les murs par le mouvement situationniste et les étudiants de Mai 68, les gilets jaunes s’approprient pleinement la rue. Sur leur passage, les slogans se multiplient et les murs, autrefois immaculés, du très chic XVIe arrondissement se meuvent en arme politique.