Le Crieur de Mediapart – Quand scolarisation rime avec exclusion

Après une licence au sein de l’un des dix Instituts d’études politiques (IEP), Étienne s’inscrit en 2017 aux concours du master de l’École supérieure de journalisme de Lille (ESJ Lille) et du Centre de formation des journalistes de Paris (CFJ). Reçu dans les deux établissements considérés comme les plus prestigieux du secteur, il n’en rejoindra… aucun. « Les frais d’inscription étaient trop élevés et je n’avais pas droit aux bourses. Mes parents sont infirmiers et avec leur salaire ils étaient considérés comme trop riches pour avoir accès aux aides, alors qu’ils étaient trop pauvres pour assumer mes études. » Étienne est donc rapidement passé par la case « prêt bancaire ». Un an de prépa et quatre années dans le supérieur plus tard, le voilà déjà endetté à hauteur de vingt mille euros. « Quand les écoles de journalisme m’ont expliqué que je devais payer plus de cinq mille euros par an, j’ai compris que je ne pouvais pas me le permettre. Cette somme, c’est mon budget annuel. À Sciences Po, je cumulais déjà cinq, parfois six petits jobs. Je n’aurais pas pu travailler dans de bonnes conditions. » Diplôme de journalisme en poche, il aurait, de toute façon, eu beaucoup de mal à rembourser ses prêts. Au vu de l’état du marché de l’emploi du secteur, intégrer une de ces formations renommées n’aurait pas suffi à lui assurer un avenir professionnel serein. « Est-ce qu’avec toutes mes dettes et un prêt supplémentaire je pouvais me lancer dans une carrière sans stabilité derrière ? », questionne-t-il. La réponse s’impose d’elle-même et Étienne opte finalement pour une carrière dans le développement international. Les écoles de journalisme perdent une nouvelle occasion de diversifier leur cohorte.

Une enquête à retrouver en intégralité dans le numéro 16 de la Revue du Crieur.