So Foot – Stream et châtiments

Le premier des quatre accusés du jour à se présenter à la barre a davantage une tête de bon que de truand. La quarantaine bien tassée, regard bienveillant et cheveux grisonnants coiffés en brosse, Pierre* fait pourtant office de principal accusé dans cette affaire, dans laquelle il est celui qui risque le plus gros. Interpellés en juin 2018, lui et ses compères comparaissaient début mars devant la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Rennes. Tout en écoutant les questions de François Lavallière, qui préside ce jour là la chambre correctionnelle, il remonte frénétiquement les manches de son pull. “Vous savez, moi, je ne suis pas doué en informatique”, se défend le prévenu, d’emblée. Face à cette affirmation, le magistrat a du mal à masquer sa perplexité. Car si Pierre est devant lui aujourd’hui, c’est parce qu’il a créé, géré et alimenté avec ses camarades, pendant plusieurs années, l’un des plus gros sites français de streaming de football. “On ne parle pas de deux ou trois captations de programmes entre copains, insiste le juge Lavallière, se basant sur les rapports des parties civiles dans cette affaire, la sainte-trinité Canal Plus, BeIn Sport et RMC Sport. On est vraiment sur une mise à disposition continue, sur une très longue période, de programmes qui ne pouvaient être vus qu’en payant les abonnements.